26 C
Yaoundé
jeudi, avril 18, 2024

Ça chauffe !

Chronique : Nino, 10 ans. Je veux vivre et écrire… #StopBokoHaram

Stop Boko Haram

L’aristopathe nous revient avec cette chronique émouvante sur fond de Boko Haram… Lisez la lettre (fictive) de Nino, 10 ans depuis Maroua…

————————

Je m’appelle Nino et j’ai 10 ans. En vrai, je m’appelle Mohamed, mais tous mes amis et ma famille m’appellent Nino. Ma grande sœur Aissatou dit que ça fait un peu comme Nino Brown, mais je sais pas qui c’est. Et puis jouer l’américain en plein Maroua, c’est pas mon genre et en plus ça n’impressionne personne ici. Je m’appelle Nino, et puis c’est tout.

Ça fait déjà quatre mois que je ne vais plus à l’école à pieds comme avant, papa dit que c’est trop dangereux. Quatre mois sans discuter et rire avec les copains sur le chemin, quatre mois sans réviser en marchant le matin du contrôle, quatre mois sans m’arrêter pour acheter en cachette ma petite bouteille de yaourt du matin. C’est dur quand on a dix ans…

Moi j’ai besoin d’aller a l’école à pieds, parce que je veux être écrivain, ou dessinateur de BD, quand je serai grand. Vous ne voyez pas le rapport entre écrire et marcher à pieds dans la rue? Vous croyez que quand je serai écrivain je vais parler de la couleur des murs de ma chambre ou du bruit du moteur du bus militarisé qui m’accompagne désormais à l’école tous les matins?!

Quand je serai grand, je veux être écrivain pour parler des mamans qui lavent leurs enfants dans la rue, même quand ils sont déjà trop grands pour montrer leur intimité à leurs camarades piétons. J’aime rire de voir l’embarras des ‘grands frères’ de l’école qui se cachent quand ils me voient passer dans la rue pendant leur « douche publique ». Mais depuis que je ne marche plus, les rues sont vides de ces petits rituels pittoresques du matin… Papa dit que c’est à cause de Boko Haram.

Enfants lac nord cameroun
La joie de vivre des enfants
Cameroun  (2) vache nord
Vache perdue parmi tant d’autres

 

Quand je serai grand, je veux être écrivain pour parler des bergers qui s’entêtent à promener leurs troupeaux sur la chaussée au moment où motos et voitures s’empressent le matin à déposer à l’école et au bureau les familles retardataires qui pensent arriver plus vite que nous autres piétons avisés. J’aime rire d’arriver souvent à l’école avant mes camarades qui arrivent en retard en voiture, bloqués par les parades régulières du bétail qui ne connaît ni code de la route, ni horaires d’entrée à l’école ou au bureau. Mais depuis que je ne marche plus, les rues sont vides de ces bergers, trop effrayés de se pavaner avec leurs belles bêtes dans les rues le matin… Papa dit que c’est à cause de Boko Haram.

Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais ça ne va pas être possible de devenir écrivain dans ces conditions-là hein!

Comment faire pour devenir écrivain quand je serai grand si « à cause de Boko Haram« , les vendeuses de yaourt frais ne vendent plus le yaourt dans la rue?

Comment faire pour devenir écrivain quand je serai grand si « à cause de Boko Haram« , les écrivains en herbe ne vont plus a l’école quand ils sont petits?

Comment faire pour devenir écrivain quand je serai grand si « à cause de Boko Haram« , la lumière n’éclaire plus les maisons et la peur habite les cœurs tout le temps ?

Route Nord - Extrême Nord
Sur la route du Grand Nord

Je m’appelle Nino, j’ai 10 ans et je veux devenir écrivain quand je serai grand.

Je m’appelle Nino, j’ai 10 ans, et j’ai des rêves comme tous les Camerounais d’ici et d’ailleurs.

Je m’appelle Nino, j’ai 10 ans et je veux pouvoir rire, chanter, jouer et dormir en paix au Cameroun.

Je m’appelle Nino, j’ai 10 ans et, comme toi, je ne veux plus avoir peur.

Je m’appelle Nino, j’ai 10 ans et, comme toi, je ne veux plus de Boko Haram.

#StopBokoHaram


Suivez la campagne du Collectif des Blogueurs du Cameroun sur les réseaux sociaux via le hashtag #StopBokoHaram. N’hésitez pas à partager massivement nos billets.

Les derniers articles

Les derniers articles

Aller à la barre d’outils