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vendredi, mars 29, 2024

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Chronique : Pourquoi le mobile banking ne décolle pas encore au Cameroun ?

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Le mobile banking n’est plus à présenter, le paiement via son téléphone est né en 2007 au Kenya avec M-Pesa proposé par Safaricom. Alors que ce mode de paiement est désormais rentré dans les habitudes un peu partout en Afrique, au Cameroun, il peine à décoller. Je me suis posé la question de savoir pourquoi. Et comme le comportement du consommateur est un sujet qui me passionne je me suis penchée sur la question.

Les raisons évoquées sont nombreuses. A côté de la difficulté d’adaptation du consommateur à la nouvelle offre de virtualisation de ses transactions financières, il y’a bien entendu, le flou persistant au sujet des responsabilités des différents acteurs –banque, opérateur télécom et utilisateur.

Ma théorie est plus simple‎ et les jeunes sont la clé de ce problème. On ne vend pas un mode de paiement pour vendre un mode de paiement. Comme on ne vend pas Internet pour Internet (les opérateurs commencent à le comprendre). On vend le but ultime qui est la consommation, la satisfaction de jouir d’un bien ou d’un service grâce à un mode de paiement X ou grâce à une connexion Internet Y. Les intervenants de ces nouvelles filières ne mettent pas assez le consommateur au centre de leurs préoccupations. Il sont davantage obnibulés par le fait d’imposer un nouveau produit plus que de s’assurer la pertinence de ce produit pour son consommateur.

Si l’on part de ce principe qu’il y a-t-il à consommer via le mobile banking ? Pas grand chose hélas et donc pas assez pour dynamiser cet outil de paiement à l’échelle d’un pays. Une fois que vous avez payé vos factures (électricité, eau et autres) qui ne surviennent qu’une fois par mois, il est moins probable que vous ayez recours au paiement par téléphone car au final peu de biens ‎vous donnent cette possibilité.

Ce qui me porte à penser que l’une des cibles principales devrait être les commerçants‎, mais cela ne suffit pas. Il y a un facteur psychologique très important à prendre en considération. Les Camerounais ont besoin de toucher le cash malgré les avantages évidents que procure ce moyen de paiement.

Une offre plus jeune fera décoller le mobile banking au Cameroun

Alors la solution ? Et bien selon moi elle réside chez les jeunes qui devraient être la cible principale des opérateurs proposant ‎ce moyen de paiement. Or jusque là, les opérateurs ont visé le « grand public » pour ne pas dire les seniors. Car qui paye les factures d’eau, de courant etc. ? Les « vieux » ou on va dire les chefs de famille pour être plus poli… Non seulement les jeunes représentent bien 60% de la population. ‎Mais, le jeune a le profil type du consommateur susceptible d’être intéressé par ce mode de paiement. Mais Pourquoi ? Déjà parce qu’il est plus sensible et permeable aux nouvelles technologies. Mais surtout, le jeune est assurément le consommateur le plus susceptible d’être tenté de consommer à outrance des produits de façon impulsive et spontanée tels que : la musique ou plus généralement les produits culturels (livres, cinéma, concerts, spectacles…), les produits de prêt-a-porter ou les produits électroniques (applications, logiciels…), bref tout ce qui intéresse les jeunes. Bien qu’ayant un pouvoir d’achat général moyen (pour ne pas dire faible), c’est tout de même dans ce type de produits que passe tout l’argent des jeunes. Rester « swagg » oblige…

Quand on sait que les jeunes passent des heures au cyber café pour télécharger leur musique, séries, films et autres, cela donne des idées. Alors qu’est-ce qui pourrait être plus fort que le besoin de toucher l’argent ? L’envie d’être à la mode. Et ça, ce sont bien des préoccupations de jeunes… Les jeunes étant prescripteurs pour leurs parents pour tout ce qui est nouveau, on peut aisément envisager qu’une fois conquis par ce mode de paiement, ils se chargeront eux-memes d’initier leur entourage. Cette théorie peut également s’étendre au e-commerce et à Internet de façon plus générale.

Donc, à mon avis, tant que l’offre de produits à consommer via le mobile banking sera faible‎, les jeunes ne s’y intéresseront pas or c’est ce public la qui peut faire émulation et faire (enfin) décoller ce moyen de paiement au Cameroun.

Conclusion : il faut créer le besoin.

Retour sur l’introduction du Mobile Banking au Cameroun

Le public camerounais découvre le m-banking en 2010. MTN Cameroun, en partenariat avec Afriland First Bank, propose MTN Mobile Money, tout premier service de m-banking au Cameroun. Il s’agit d’une solution de SMS-banking utilisant des puces de grande capacité (puces de nouvelle génération) permettant aux utilisateurs d’effectuer des opérations bancaires de base telles que des transferts d’argent, des versements, des retraits, le paiement des factures d’électricité,  ou encore l’achat de crédit de communication.

Un an plus tard, Orange Cameroun  et la BICEC, mettent sur le marché, Orange Money qui offre les mêmes services que ceux de son concurrent. Depuis lors, quelques établissements de micro-finance à l’exemple d’Express Union avec sa solution Express Mobile de transfert d’argent par téléphone, se sont également positionnés sur le créneau. Afriland First Bank quant à elle, propose à ses clients d’effectuer à distance des opérations en appelant un numéro court et en choisissant les options de consultation de solde, relevé de compte, etc.  proposées par un serveur vocal interactif.

C.V.F.

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