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Chronique : Wi (fey)* – Tout ce qui brille n’est pas or

Avec le prénom de Fortunée, je suis née coiffée c’est-à-dire avec une chance persévérante. C’est un élément biographique important. Je croyais être pour cette raison, un enfant chéri de la fortune. Pourtant à l’âge de 24 ans, j’ai fait une rencontre qui a bouleversé ma vie. Chez nous on dirait que je suis en haut comme le RDPC à Nanga Eboko; je suis allée au Lycée Montaigne puis au Lycée Louis le Grand là-bas à Mbeng. J’ai fait des études supérieures dans des instituts où j’ai croisé des gens intelligents. Je suis devenue professeure d’Université à 23 ans. Au lieu de ce bonheur simple que l’atavisme m’avait fait miroiter, je me suis retrouvée dans un compliqué délabrement. Francho, il faut quand même avouer que derrière le génie de faculté s’est toujours cachée une sérial bringueuse ayant pour dévotion les virées nocturnes. Les patrons de night clubs m’embrassaient sur la bouche ou presque (lol). Curieux paradoxe que celui auquel une « professorette » est arrivée en quelques années de chroniques mondaines. Moi gosse de riche mijaurée qui refusait crânement les bouteilles de champagne envoyées par des dandys suspects, je me suis retrouvée Wifey. Je Wanda !

J’ai rencontré F dans un club huppé de St Tropez. Il respirait la richesse, la beauté et l’élégance : trois fléaux terribles pour une dure comme moi réputée pour ndem** les faux dragueurs. Hum…les mirages de la vie. Il m’a sorti un Tap terrible (Technique d’approche) comme on dit à Abidjan, en me poursuivant dans les toilettes, où j‘ai écrit mon numéro de téléphone au rouge à lèvres sur la paume de sa main. Pacte qui lui a permis de s’engouffrer dans ma vie par effraction. Manteaux de fourrure, sacs hyper griffés, souliers sur mesure. Mon homme ne me voyait pas voyager autrement qu’en first class. C’est le luxe que vous voulez voir ! Ce djo a mouillé le maillot ! Mes velléités colériques étaient étouffées par l’abondance de présents. Il m’avait dit qu’il était trader. Je l’ai cru béatement ! Mon bac+10 ne m’était en amour d’aucun secours ! J’épousais toutes les chimères de mon amoureux qui en 2 temps 3 mouvements m’interdit de boite nuit, me coupa de mes amis et fit de moi la parfaite soubrette avec 2 Mouna*** en prime. Il faisait à peine semblant d’aller bosser, toujours entre deux avions. J’aimais François à en mourir, l’échéance étant lointaine. Puis, il a commencé à me montrer le feu. Il passait sa vie dehors, sans moi s’il vous plait ! Ces mondains sont des êtres taciturnes perdus dans une abondance de connaissances louches. Ils se rassurent à coup de poignées de mains et d’offensives de Nguess****. Ils se donnent l’illusion de leur importance en invitant à leur table des gens célèbres. Ils s’arrangent pour ne fréquenter que des endroits extrêmement bruyants pour ne pas avoir à parler. Le pire c’est qu’il avait ses habitudes au Zélos, rue de la Ponche. Ni le champagne, ni les filles n’y sont donnés. Férocement jalouse et consignée à domicile, je le faisais filer par des copines du milieu. J’ai appris qu’il forniquait avec deux lumpenpétasses en bikini pour 6000 pièces alors qu’au Balisier où je l’ai rencontré, une fille seule c’est 3000 pièces. Pouah ! Mes sœurs du poteau ne font même pas de tarifs dégressifs et réclament du cash clinquant, mon chéri Champagnard en détenant toujours.

Mon fey de mari sortait de plus en plus souvent, ce qui lui donnait une excuse pour ne plus me fom*****. Pendant qu’il mangeait la vie, moi la femme-lige, je ndjotais les petits pots de mon dernier de 4 mois en solo! Mes proches ne comprenaient rien à ce que nous vivions. On disait que ce gars m’avait fait le « tobassi »****** et /ou on s’extasiait qu’un analphabète ait pu ferrer un long crayon de mon acabit. On en concluait que l’argent achète tout puisqu’un bandit de Nkol Oloun avait fait d’une fille androide une femme au foyer. Il a fini par m’abandonner du jour au lendemain pour une feywoman rencontrée au front. Morale de l’histoire : tout ce qui brille n’est pas or surtout en matière de (sans) caleçon !

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*«  Wi (fey) » : Femme, de « Fey « : jeunes arnaqueurs professionnels connus sous le vocable de « Feymen ». Opérant tant au plan local qu’à l’échelle internationale, ces escrocs rusés ont donné naissance à  une économie morale de l’arnaque et de l’escroquerie communément appelée « feymania. »
**Fuir
***Enfant
****Boguess, Bordelle, prostituée
*****Faire l’amour
******Philtre d’amour

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