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vendredi, mars 29, 2024

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Chronique : La stratégie de l’échec du Président ghanéen, Roger Bemba analyse la rencontre des Diasporas africaines avec Emmanuel Macron

LA STRATÉGIE DE L’ÉCHEC DU PRÉSIDENT GHANÉEN

Comme nombreux d’entre vous, j’ai suivi avec une attention « normale » ( La CAN oblige) la rencontre avec les diasporas africaines organisée par le président français Emmannuel Macron avec en Guest le président du Ghana Nana Akufo Addo. 
Une fois encore, il n’est point ici question de parler de la forme, à l’heure du règne d’#Instagram et #Twitter on peut dire que le show était réussi car plus adapté au mode de communication des nouvelles générations à commencer par les électeurs de la République En Marche #LREM parti de l’actuel président. Sous le prisme de la stratégie politique, je peux dire que il y a une volonté évidente de grossir les rangs des followers d’Emmanuel #Macron c’est à dire user d’une communication fine dans le but de faire adhérer cette base importante que représente les français d’origine africaine à la #LaREM en prévision des prochaines échéances électorales (Municipales, Présidentielles etc). La conquête pour un Second mandat est officiellement lancée.

LA RENCONTRE DE L’ELYSEE AVEC LES DIASPORAS AFRICAINES ne justifie en rien la stigmatisation de ces français (africains) qui il faut le reconnaître, se sont retrouvés invités à L’#Elysee un peu par hasard pour la plupart d’après les articles publiés par les médias français. Ils ont pu ainsi avoir l’honneur d’assister à un show présidentiel en live, pénétrer le palais de l’Elysée, faire des photos et des selfies pour eux, leurs proches et les followers d’Instagram. Personnellement je pense que tout est une question de génération, donc là aussi je trouve dans les propos injurieux, haineux voir moqueurs de nombreux censeurs du net envers ces « diasporiens » l’expression de la pensée simpliste. 
LE SHOW MACRON-NANA peut être qualifié -sans aucune passion- DE RENCONTRE AU RABAIS là encore cela correspondrait à une stratégie délibérée de l’Elysée visant à privilégier des « inconnus » et éviter ainsi de transformer l’event en un défilé de stars (entendez par « Stars », les personnalités africaines médiatiques) selon les dires d’un conseiller du président là encore nous l’avons appris par la presse. Les sujets les plus importants ont eux aussi été évités pour ne se consacrer qu’à des sujets « sympas » donc mineurs et correspondant à la nature du public présent. On peut donc à la lecture de ces données, affirmer que Emmanuel Macron n’a en rien souhaité se retrouver face à un public d’experts, d’érudits, d’hommes et de femmes de sciences et d’engagements véritables, des étudiants des plus grandes écoles et universités, de représentants d’associations importantes, ou encore des diplomates africains en poste à Paris. BREF ! avec le meilleur de l’élite française d’origine africaine ou des africains résidents en France.

NANA AKUFO ADDO représente pour moi ce que l’Afrique continue, à son détriment, à produire des dirigeants qui pensent que l’affirmation de Soi (de l’identité et de la fierté africaine) ne peut s’effectuer que par le regard du non africain. On privilégie donc la culture des slogans et des postures. En clair, des incantations, et autres formules médiatiques, comme des mantras pour changer notre réel. Le tout avec un grand sourire et un beau costume confectionné dans les plus beaux ateliers artisanaux européens.

NOUS AVONS VU UN PRÉSIDENT AFRICAIN SEUL, dans une salle où, outre le fait que son homologue lui a fait l’honneur de lui proposer une assemblée pas au niveau des enjeux, constat a été fait, qu’il n’y avait aucun diplomate des pays africains, aucune présence de l’Ambassadeur de l’Union Africaine en Europe, voir même de la CEDEAO etc. A la rigueur, il ne serait venu que pour parler du Ghana son pays – ce qui serait à la limite logique – mais là il s’agissait de l’avenir du continent africain, c’est à dire de l’ensemble de l’Afrique. ET C’EST LA LE PROBLÈME. Le tout dans une attitude proche de la désinvolture ou encore de l’usage d’un langage proche du marchand venu faire la promotion d’un produit manufacturé.

C’EST DONC UN LEADERSHIP QUI CONSISTE À ÊTRE SEUL afin de briller et se voir désigner ainsi comme un modèle de vertu par les ex colonisateurs que se livrent nos dirigeants qui usent du discours panafricaniste pour se mettre des intellectuels lesquels guidés par les émotions se chargeront en toute ignorance de légitimer les actions de leur héros du moment. C’est la posture de rester divisé dans les actes pour mieux se faire dominer. 
Le président Ghanéen AKUFO ADDO ne se distingue en rien d’un maréchal MOBUTU qui à ce jeu de l’affirmation par la communication reste inégalé (avec IDI AMIN) ). Du combat légendaire de boxe ALI-FOREMAN à Kinshasa pour exprimer la dignité de l’homme Noir, la politique de Zaïrianisation , le retour en Afrique et les prestations au Congo puis Zaïre des plus grandes stars afrodescendantes d’Amerique, ou encore le célèbre discours dénonçant le colonialisme à la tribune des Nations Unies. (NDLR : Nana Adufo fait venir beaucoup de stars américaines au Ghana, histoire de faire le show pour plaire aux occidentaux a l’instar du Maréchal Mobutu hier chouchou des américains).

L’IMPORTANCE DES SYMBOLES DANS DES IMAGES 
Les érudits confucéens Chinois ont toujours affirmé le principe à savoir : « une société qui ne comprend pas la puissance des symboles est une société morte  » 
AINSI il est étonnant de voir que beaucoup d’intellectuels panafricanistes pro-AKUFO ADDO n’aient pas relevé le fait que dans ce show télévisé, le plus communautaire des deux était le pro-Européen MACRON qui avait pris le soin de faire figurer le drapeau européen près du drapeau français. Point de drapeau de l’Union Africaine et cela n’a visiblement pas dérangé le président qui prétendait parler au nom de l’Afrique avec pour seul emblème celui de son pays.

LA STRATÉGIE DE FAIRE CAVALIER SEUL POUR MIEUX SE FAIRE DOMINER 
L’historien israélien YUVAL NOAH HARARI dans son brillant livre #SAPIENS nous démontre dans une logique à la fois simple et désarmante comment le manque de cohésion, de communication et de mutualisation entre les Dirigeants des royaumes INCAS, MAYAS, et autres sociétés indiennes face à la menace des envahisseurs européens seront les causes de leur chute collective. 
Cette « Bad culture » de jouer au cavalier solitaire est la règle chez les élites dirigeantes africaines depuis les indépendances et elle a plongé le continent dans la situation actuelle ou des millions d’Africains rêvent d’un idéal loin de chez eux. Il faut souligner les exceptions : Thomas SANKARA, Patrice LUMUMBA, NKRUMAH, Nelson MANDELA, MACHEL, SEKOU TOURE , KHADAFI qui préféraient adresser leurs messages en priorité aux peuples africains en privilégiant des déplacements dans les pays d’Afrique.

LE VÉRITABLE GAGNANT est Emmmanuel Macron qui il faut le reconnaître sait manier l’art de l’illusionnisme avec beaucoup de talent. Dans cette partie il dirige son action d’un côté pour mieux gagner de l’autre. En clair, il déroule le tapis rouge à un président africain anglophone face à des diasporas africaines majoritairement issues des pays francophones et ce afin de créer une crise de leadership entre chefs d’état africains et ainsi faire du sentiment de frustration des dirigeants « franc africains » un moyen d’obtenir plus de leur part.

UN DÉTAIL IMPORTANT qui nous en apprend plus sur notre champion : pour son discours d’investiture à la présidence du Ghana, NANA AKUFO ADDO avait très largement plagié les présidents américains George W.BUSH et Bill CLINTON

Aussi dans la tradition diplomatique française et dans la culture africaine a des invités on offre à manger et à boire pour les honorer. Et là encore l’Elysée a laissé nos représentants de la diaspora le ventre vide et du côté de notre président panafricain il aurait pu organiser une réception pour déguster les mets ghanéens. Dans les deux cas ils ont nourri essentiellement les rêves de leurs invités parmi lesquels nombreux seraient incapables de faire la différence entre le Ghana, l’Ouganda, l’Egypte et le Burundi, (mais ne dit on pas dans les salons de Paris, Londres, Berlin, Washington etc. que les africains ne se soucient jamais des détails ? )

MOT DE LA FIN 
N’est pas Nkrumah, Sankara, Lumumba, Mandela qui veut !

Roger Franck BEMBA
Consultant en Stratégie Politique, Publique et Leadership

Invité par le Président Barack OBAMA pour la Commémoration du 65e Anniversaire de la Libération de l’Europe par les Alliés en 1945 en Normandie
Initiateur en 2007 de la Vision « Pour un Nouveau Partenariat entre l’Europe et l’Afrique»

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