Site icon Je Wanda

Musique : Lydol la slameuse, pourquoi sa carrière a-t-elle décollé ?

Belle, jeune et talentueuse, Lydol s’est imposée ces dernières années sur la scène musicale camerounaise et internationale, fort de l’originalité de son art. Choisie par le slam et non pas le contraire, comme elle le dit si bien, c’est grâce à cette forme particulière de poésie qu’elle s’est fait connaître et est à ce jour considérée comme une référence dans son style musical à part. Mais pourquoi sa carrière connait-elle un franc succès ? Pourquoi quand tant d’autres s’y sont essayé sans jamais trop y arriver, Lydol elle, a su percer ? La Wanda Team jette un regard sur la slameuse camerounaise et analyse son parcours. Bimoulèè d’abord !

Peu sont les mélomanes qui ne se sont guère encore entichés du phénomène Lydol. Cette jeune camerounaise qui a surpris le monde de par son art tout aussi surprenant, a contribué à vulgariser le Slam et probablement, faire naître des vocations.

Genèse d’une Slameuse

Né en 1987 d’une idée du poète américain Marc Smith dans le but de rendre les lectures de poèmes moins élitistes et moins ennuyeuses, le Slam se traduit en une forme de poésie orale, urbaine, déclamée dans des espaces aussi divers que communs (restaurant, débit de boisson, espace vert, théâtre…). C’est une tribune d’expression où les personnes sur scène disent leur poésie dans la forme qu’elles désirent. En France, il y a eu le célèbre Grand Corpd Malade au milieu des années 2000.

Discipline peu connue du grand public camerounais, c’est vers la fin des années 90 que le Slam commence à se murmurer au Cameroun sans que ses pratiquants n’en connaissent réellement la signification. Faute de public, il faut attendre 2007 et un collectif nommé Grav de Slav, managé par Kathy Amfray, qui va décider d’organiser des scènes Slam en bonne et due forme et permettre à cet art de prendre définitivement son envol. Apparaissent donc des artistes tels que Stone.

Hélas pour eux, leur discipline peine à percer au plan national. La faible digitalisation à l’époque conjuguée à un certain amateurisme et surtout à l’incrédulité du public, a conduit à voir leurs efforts porter peu de fruits. Le Slam n’en est pourtant pas mort pour autant. Pratiqué çà et là par des artistes dans l’âme aux buts disparates, il finira par trouver son étendard vert-rouge-jaune dans la personne d’une femme ô combien talentueuse et passionnée. Pourquoi ça a marché chez Lydol et pas chez d’autres ?

Née à Yaoundé au Cameroun, Nwafo Dolly Sorel a.k.a Lydol galope vers ses 26 ans et est originaire de la région de l’Ouest. Amoureuse de l’écriture depuis son enfance, elle se découvre une passion pour la poésie durant ses études secondaires qu’elle effectue au Collège de la Retraite, en dévorant l’œuvre d’Engelberg Mveng, « Balafon ». Alors qu’elle écrivait jusque-là pour le seul plaisir d’écrire, elle se met à écrire avec le souci du beau.

L’authenticité des textes

Si son genre musical n’est pas le plus connu des camerounais, Lydol parvient néanmoins à conquérir le cœur du public en saupoudrant ses textes d’argots typiquement 237 (Ndem, je wanda, tchakap, kakak…). Sa plume détonne dans le paysage musical urbain, et la slameuse aborde des thèmes tels que le partage, l’amour et la fraternité. Et sa façon de slamer est authentique, Lydol n’essaye pas d’imiter des gens comme Grand Corps Malade justement comme certains jeunes artistes camerounais ont parfois eu l’habitude de le faire.

Multiplication des scènes

En 2009, elle prend part à la compétition nationale « Challenge Vacances » où elle ira jusqu’en demi-finale dans la catégorie karaoké. L’année suivante, elle se représente et l’emporte dans la catégorie « Slam ». Elle se lance après cela dans une série de festivals de Slam organisés sur le continent pour se faire un nom. C’est notamment le cas du Spoken Word Project en Angola, le Printemps des poètes-France ou encore du Poetry Africa Festival en Afrique du Sud en 2014.

Mais c’est en septembre 2016 que le grand public découvre Lydol lors de l’émission « L’Afrique a un incroyable talent ». Elle entrait pieds nus sur le plateau avec un chapeau à la main à l’intérieur duquel se trouvait une trentaine de petits papiers, des mots piochés par le jury à partir desquels elle s’était mise à improviser. Âgée de 22 ans à ce moment-là, Lydol met d’accord Angélique Kidjo, Fally Ipupa et Claudia Tagbo, à la seule force de son verbe.

Si elle n’a pas remporté la compétition, c’est fort de cette expérience enrichissante que Lydol voit croître sa notoriété. Lydol affirme son art et veut le faire entendre. Parce qu’écrire lui sert en même temps de thérapie, elle y expie ses peines, évacue ses frustrations et s’autorise à rêver. Elle commet en 2018 son premier album Slamthérapie, où elle raconte principalement les changements opérés dans sa vie suite à sa rencontre avec les mots.

Réelle présence en ligne

Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont indispensables dans le quotidien des artistes en termes de marketing et de communication. Lydol, qui gère sa communication elle-même, l’a très bien compris et, grâce à sa présence accrue auprès de ses fans sur Internet, elle a su se faire aimer des plus jeunes comme des plus âgés. Elle est suivie sur la toile par plus de 100k personnes sur Instagram, près de 60k sur Facebook, 24k sur YouTube et 2,6k sur Twitter.

L’exposition dans une série à succès

Grande amie d’Ulrich Takam avec qui elle tient des ateliers notamment le Le Festival SlamUp (Une plateforme d’expression et de rencontre entre le slam et le stand up), Lydol fait des apparitions dans sa websérie Les Délires de Takam. Touche chose qui contribue la faire connaître plus encore et à renforcer sa présence auprès des jeunes.

Un look sophistiqué

Sexy et féminine avec un look afro assumé, Lydol marque aussi les esprits par ses tenues rafraîchissantes et dans le temps, qu’elle allie à son sourire communicatif. La go est « bio », comme on dit au 237.

Le meilleur reste à venir

Son succès d’aujourd’hui, Lydol le doit assurément à son originalité, son authenticité autant qu’à Internet, qui ont facilité (contrairement à ses prédécesseurs), sa popularisation auprès du public sans intermédiaire qui filtre. Nominée au dernier Canal2’or 2019 comme Révélation de l’année et au Balafon Music Awards comme révélation féminine de l’année 2019, Lydol parvient à se hisser dans la liste des finalistes du dernier prix découverte RFI grâce à sa chanson « Le Ndem » issue de son album « Slamthérapie »

Actuellement en phase de préparation de son 2e album, Lydol a tout pour nous faire vibrer en 2020. Elle prépare également une nouvelle tournée slam avec de nouveaux pays et un nouveau public à conquérir. En attendant, vous pouvez continuer à vous ambiancer sur son dernier clip sorti le 24 janvier dernier, intitulé « Yélé ».

Bimoulèè d’abord !

C.B. / C.V.F

Quitter la version mobile
Aller à la barre d’outils