Le tweet et la photo de l’@UNICEF ont été retweetés 10 000 fois. Crédit Unicef
La mobilisation des réseaux sociaux sous le hashtag « Bringbackourgirl » a atteint désormais le monde entier. L’ampleur du phénomène ressemble maintenant à celle atteinte pour sauver Malala, l’adolescente afghane grièvement blessée par les Talibans pour être allée à l’école. L’enjeu, au-delà du sort des adolescentes disparues, est plus large. Boko Haram, le nom des extrémistes qui les ont enlevées et assurent maintenant qu’ils les vendront ou les marieront de force, peut en effet se traduire par « L’éducation (occidentale) est un péché ».
Au Nigéria, dans la confusion, la leader des manifestations pour obliger le gouvernement à agir a été arrêtée, mais là aussi, les réseaux sociaux sont à l’attaque et acculent les politiques.
Mary J. Blige, l’une des premières stars à se mobiliser
Aux Etats-Unis, un mea culpa commence. Celui des médias, qui s’interrogent sur pourquoi, depuis le 14 avril, date des enlèvements, très peu ont daigné en parler et qu’il a fallu l’assaut des internautes sur Twitter et Facebook et un hashtag qui ne pouvait plus être ignoré pour secouer leur silence blasé. L’une des réponses le plus fréquemment renvoyée : peut-être parce que cela se passe dans un pays africain, chaotique et indéchiffrable. Mais surtout : parce que ce sont des filles.
Des stars telles que Mary J. Blige, Chris Brown ou encore Keri Hilson ont fait écho à la campagne désormais virale pour ramener les petites filles.
Sur Foreign Policy, Lauren Wolfe tente de répondre à travers différents entretiens avec des experts et élargit ce sursaut tardif de remords au phénomène global des filles et femmes enlevées, vendues et ou utilisées comme monnaie sexuelle :
« Pourquoi n’avons-nous pas prêté attention par le passé aux milliers de filles (et de garçons) qui ont été enlevés durant les conflits ? Pourquoi ne prêtons-nous pas attention maintenant aux filles piégées dans les réseaux de trafics d’être humains, vendues pour des mariages ou retenues captives comme « épouses » par des groupes armés ? Et toute l’actuelle colère durera-t-elle pour des situations telle que celle-ci qui vont se succéder sans cesse ? Toute la colère du monde peut-elle amener une solution concrète ?
« Pas un seul membre de Boko Haram n’a été jugé pour un seul de ses crimes, selon une organisation des droits humains. L’impunité pour la violence sexuelle et les crimes contre les femmes et les filles, en plus de l’indifférence générale pour leurs vies, surtout dans le monde en développement, avoue, tacitement, que l’on permettra à tout ceci de continuer. Qu’on l’appelle « mariages précoces » ou « trafic sexuel », ce sont les problèmes qui ne sont pas considérés comme un sujet sérieux comme la sécurité.
« Vous aurez toujours un phénomène comme Boko Haram », dit une encore chercheuse, « mais si la barre de l’opposition à la violence contre les filles et les femmes n’est pas relevée ou si l’on admet que les femmes sont des trophées ou des butins de guerre et si l’on y réfléchit même pas, alors nous allons voir se produire ce genre de choses de plus en plus fréquemment. »
5 mai 2014 – Une protestation à Londres devant l’Ambassade du Nigéria