Interview : Dareal, Rappeur- Cameroun

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De l’époque Famil-x en duo avec Teddy Doherty à Frenchkind, le MC camerounais basé à Yaoundé a fait du chemin. C’est donc naturellement que Je Wanda Magazine a voulu en savoir plus sur cet artiste qui ne cesse de se démarquer et s’imposer dans le paysage urbain par sa présence et sa plume tranchante. Découvrir un homme plein de talent, bosseur et de surcroît très humble qui se livre sur sa musique, ses projets et sa passion pour le rap. 

Je Wanda Mag : Hello le Dinosaure Dareal !  Présente-toi à la Wanda Family.

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Clip : « Dinausore » (C’est quoi ton way »)

Dareal : La Wanda Family on dit quoi ? C’est quoi ton way ? C’est l’boy Dareal une fois d’plus. Quel plaisir d’être interviewé par le grand Je Wanda Magazine. J’ai « pekcé » (Rires). Sinon plus sérieusement Dareal c’est un jeune Camerounais, passionné de Hip Hop depuis plus de 10 ans. Artiste, auteur interprète rap. Amoureux de l’Afrique, attaché à son Cameroun natal, basé à Yaoundé, membre de FrenchKind.

JWM : Pourquoi avoir décidé de laisser ton groupe «Famil-x »  pour te consacrer à une carrière solo ?

Dareal : En fait avec Famil-x la séparation s’est opérée  toute seule. Naturellement, on bossait sur notre mixtape et il y’a eu à un moment des petits problèmes, des malentendus. Et en prenant du recul chacun, on a décidé d’évoluer en solo. Dieu seul sait pourquoi cà’est arrivé. Quand la blessure était vive, on ne se parlait pas, c’était le froid total entre Teddy et moi. Mais le temps est passé et on a fini par s’expliquer et faire la paix. Au-delà de la musique, faut le noter, Teddy Doherty c’est un frère. C’est mon cousin, donc même si on évolue séparément aujourd’hui,  la relation sanguine reste. On s’est dit que rien ne sert de s’embrouiller au final. En homme, face à face, sur le tournage d’un clip on s’est expliqué et on a fait table rase des griefs. Je peux le dire que c’est le gars qui me connait le mieux. On évolue depuis tellement de temps ensemble que voilà quoi… Cela reste la famille même sans Famil-x. C’est mon « tat tat ». Donc après la séparation je me suis relancé en « Free agent » avec Yaoundé Boss. Le son est parti comme vous savez, voilà l’histoire.

JWM : Le titre « Yaoundé Boss » a eu beaucoup de succès, d’autant plus que le clip est très bien tourné. D’ailleurs comment est venu l’idée de ce remix ?

Dareal : Merci ! En fait Yaoundé Boss, je n’y avais jamais pensé jusqu’à ce que la Fouine parle d’un contexte de remix et ne mette l’instrumental en libre téléchargement. C’était justement à cette période que je cherchais à me relancer, mais il me fallait le bon thème et la bonne direction. Le son me parlait déjà j’ai bien aimé la diversité de MC’s, de flows, de vibes qui étaient réunis sur « Paname Boss ».  Je me suis dit pourquoi ne pas faire ça à la sauce 237 tout en rendant hommage aux différents rappeurs qui ont posé sur ce morceau. Beaucoup n’ont pas compris, mais les puristes, les gens qui ont l’oreille rap, ceux qui ont essayé de comprendre ont perçu que c’est dans cette optique que j’étais. A ce moment-là mon état d’esprit aussi avait changé. J’avais décidé de mettre dans ma musique le pays, le Cameroun en avant. J’ai donc dis, faut mettre Yaoundé, le Cameroun sur la carte avec ce remix..

 J’ai téléchargé la prod, j’ai écris, je suis allé au studio, j’ai enregistré, le lendemain l’ingénieur son avait fini le boulot de mix mastering et c’était parti. Le clip a été tourné en à peine 3 heures. C’était vraiment vite fait, quasiment improvisé ! On n’avait jamais pensé qu’il allait être autant regardé !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rByeDQcFt50[/youtube]

JWM : Tu travailles avec la team FrenchKind qui réalise entre autre tes clips, comment s’est passée votre rencontre et qu’est-ce que cette collaboration t’apporte ?

Dareal : Frenchkind c’est ma famille aujourd’hui ! Rostou, Simoulah a.k.a Moulah 500, Anyang, Thierry, c’est mes gars, mes frères. Beaucoup de ndolo pour eux (No homo LOL). La rencontre s’est opérée chez une connaissance à un dîner. D’ailleurs, Céline Victoria Fotso, la boss de Je Wanda était présente ce soir là. J’avais auparavant envoyé le son à Rostou qui était au Cameroun à cette période et lors de ce dîner je lui ai soumis l’idée de faire un clip dans lequel on représenterait Yaoundé via les casquettes Frenchkind, les tee-shirts « La Mort ». Nos idées se rejoignaient en ce sens que la marque représente le Cameroun et la chanson aussi. On avait peu de temps, donc le clip a été tourné super vite, en quelques heures, on peut même dire qu’on a improvisé comme je le disais.

 Il est rentré, a été édité et c’est parti comme c’est parti ! On était tous surpris de l’accueil du public. Je ne sais pas si je dois parler de collaboration, parce que comme souligné plus haut, désormais je fais partie de la team. Chacun apporte son savoir-faire, on se fait mutuellement confiance. On évolue tous ensemble, soudés comme les maillons d’une chaîne.

Néanmoins depuis qu’on s’est mis à travailler ensemble, j’ai appris beaucoup, d’ailleurs je continue d’apprendre. Tout le temps on se remet en question, on essaie de repousser nos limites, faire mieux à chaque fois. Jamais on ne se contente des critiques positives ou du fait que ce qui a été fait hier était bien. Sans cesse on essaie de se renouveler, d’évoluer, d’avancer, ensemble. Que les gens ne pensent pas que c’est facile. Au contraire, plus on évolue plus les données du jeu se corsent, mais on ne lâche rien !

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JWM : Au fil du temps on sent que ta plume se fait plus assurée, tes productions et surtout ton flow sont plus travaillés. Où puises-tu ton inspiration ?

Dareal : Merci, même si je pense avoir encore tellement à abattre comme travail. Pour moi personnellement je ne suis même pas encore à 10 %. Sinon à chaque fois qu’on me pose cette question de savoir où je puise mon inspiration j’ai du mal à répondre car je ne sais pas d’où elle vient (Rires). Chez moi, c’est naturel, suffit que j’observe, que je suive un documentaire ou que j’entende des gens parler pour que je capte un mot ou une phrase et j’engage une série de phases, et c’est comme ça que naissent mes sons.

Tout est une source d’inspiration, le grain de poussière, la vie, la nature, les faits divers, les histoires vécues par des amis, connaissances, les films, la musique et j’en passe. Le flow je le travaille depuis que j’ai commencé à rapper et ça fait plus de 10 ans aujourd’hui. J’avais à 14 ans quand je me suis passionné pour le Rap/Hip Hop. L’écriture je l’adapte à mon contexte désormais, enfin j’essaie. Insérer de l’argot, des mots propre au Cameroun, voilà ce à quoi je m’atèle, pas besoin de me suivre depuis Famil-x pour s’en rendre compte. De « Yaoundé Boss » à « Françoise Foning », si l’auditeur à l’ouïe fine, et la bonne analyse, il comprend.

Certains pourraient penser que je suis un arriviste mais non, je n’avais peut-être pas l’exposition que j’ai aujourd’hui mais j’ai toujours été là, quelque part, dans les « bac-bac ». Je ne me contente pas du fait que je sois moins transparent aujourd’hui. La tâche est immense, il y’a encore tellement à faire. Comme je disais, plus tu évolues, plus tu te rends compte que tu as du pain sur la planche et que tu dois repousser tes limites, faire des efforts, des sacrifices encore plus gros que les précédents. Quand je parle de sacrifice allez comprendre qu’il s’agit de temps, de travail, et rien d’autre, je tenais à préciser car les camerounais ont l’esprit très fertile.

[youtube]http://youtu.be/iBSO0y-Kesw[/youtube]

JWM : Tu es un artiste qui arrive à avoir une certaine exposition, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de rappeurs. Selon toi, qu’est-ce qu’il faudrait actuellement pour que la scène urbaine camerounaise soit d’avantage mise en avant ?

Dareal : Humm bonne question ! Déjà l’exposition que j’ai c’est grâce à mon travail et à l’équipe que j’ai derrière moi. Si ma musique n’était pas bonne, on ne parlerait pas de moi, je serais toujours dans l’ombre. Personne ne peut évoluer seul aussi. Quand tu es bien entouré, et que chacun pose sa pierre à l’édifice, ça booste et aide énormément à la propension. Néanmoins je pense avoir encore beaucoup à apporter et n’être qu’à mes débuts. J’aime pas faire éloge de ma personne comme ça aussi (Rires), je n’aime pas me la raconter hors mes morceaux. C’est une grâce d’être écouté, d’avoir une certaine aura, mais je peux mieux faire, toucher encore plus de gens, ceci avec le travail, la qualité, la détermination.

En ce qui concerne la scène urbaine camerounaise, il faut que chaque acteur prenne le secteur dans lequel il officie au sérieux. Il faut arrêter l’amateurisme, si tout le monde prend son travail au sérieux, c’est bénéfique pour  tout le monde. Et il faut oser aussi, prendre des risques, qui ne risque rien n’a rien. Ceci est valable pour les artistes comme pour les organisateurs de spectacle comme pour les animateurs radios. Je ne veux pas indexer le gouvernement, déjà que je n’aime pas parler de politique, n’empêche que voilà quoi… Chacun sa part de responsabilité. Les promoteurs, faites confiance aux jeunes talentueux et soyez objectifs. Tout le monde à sa place et sa chance.

Les artistes, faites de la bonne musique qui parle aux gens, travaillez sans cesse, ne vous reposez pas sur vos lauriers. Il ne s’agit que de travail. Sinon il y’a de nets progrès, faut le noter. Les clips qui sortent ces derniers temps sont de qualité, les sons aussi, continuons juste à bosser comme on le fait, cogner jusqu’à ce que le fer se torde.

On manque de plate-forme aussi au Cameroun, pas de médias spécialisés musiques urbaines. Des émissions comme Nostalgie 2.0 de Brice Albin on n’en trouve presque pas. Si on avait des Nostalgie 2.0 dans chaque chef lieux de provinces ou ne serait que dans les plus grandes villes du pays on serait loin. En somme je veux dire que même si la musique est là, faut la diffuser ensuite, et la faire consommer, bref ce n’est pas facile, les réalités sont hardcore mais on deale avec et on continue de se battre.

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JWM : Hormis les artistes camerounais qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ? Et avec qui aimerais-tu collaborer (artistes francophones, anglophones) ?

Dareal : J’écoute beaucoup de rap tant US que Français ou Africain. Joke, Niro, Kaaris, Booba, Meek Mill, Rick Ross, Jay-Z, Schoolboy Q, J. Cole, Kendrick Lamar, Drake, Ice Prince, D-Black, Olamide... Afropop aussi. Wizkid, Davido, Burna Boy. Je suis très classique rap aussi (Lunatic, Booba, Wu Tang Clan, Notorious BIG…). Sinon je suis très ouvert musicalement et je n’écoute pas que les artistes mainstream. J’aimerais bien travailler au Cameroun avec des artistes comme Killa Mel, je le trouve assez bon, « underrated » même, et c’est dommage. Donnez au gars le crédit qu’il mérite. C’est un artiste pour qui j’ai beaucoup de respect. Gasha aussi chante super bien, en plus elle est mignonne. « I go marry her » lol. Sinon Stanley Enow délire bien, il a une aura, on a beau dire ceci ou cela, qu’ il ne rappe pas ou quoi mais bon… Je respecte son « hustle », il fait ses preuves. Pourquoi ne pas faire des trucs ensemble ?

JWM : On est impatient d’écouter ta première mixtape « C’est la mort » qui devrait sortir en 2014, peux-tu nous en dire plus ? Y’aurait-il des featuring avec d’autres artistes ?

Dareal : Oui elle est presque bouclée, même si je continue d’enregistrer, mon premier projet officiel. Attendez-vous à une bonne dose de rap, des chansons à thèmes, des délires, du Hip Hop. Je me suis fait plaisir, je me suis éclaté en studio en l’enregistrant. J’ai hâte de la partager avec le reste du monde. Coté featuring, oui y’en aura, mais je ne citerai aucun nom pour l’instant. La tracklist sera bientôt diffusée. Va falloir patienter encore un peu, la majeure partie des sons sont là, y’a le côté business qu’il faudra mettre en place ensuite, préparer la sortie. On communiquera davantage dessus le moment venu.

[youtube]http://youtu.be/gV_8G6lxFEA[/youtube]

JWM : La dernière chose qui a pu te Wanda dernièrement ?

Dareal : La dernière chose qui m’a Wanda ? Hum…  ma mère ! On discutait un soir, et comme ça elle m’a sorti un « C’est quoi ton way » ?? J’étais dépassé (Rires).

JWM : D’autres projets à venir ?

Dareal : Des projets il y’en a tellement. Je pense déjà à l’après mixtape. J’écris autant que possible, ce qui fait que des lyrics, des freestyles, des sons j’en ai pas mal. Sinon à court terme il y’a des clips, des shows, le studio, la mixtape bien évidemment. La mise en place de certaines choses d’ordre professionnel, faut bien évoluer donc on travaille l’aspect marketing aussi. Sinon je vais aussi me marier bientôt là, régime polygamique, il ne s’agira que de ça (Rires).

JWM : Un dernier  mot pour finir ?

Dareal : Ce fut un plaisir de répondre aux questions, la mixtape arrive, j’espère qu’elle va vous wanda. C’était le boy Dareal, une fois d’plus, FrenchKind une fois d’plus. On est ensemble. Merci aux vrais supporters, je vous aime ! Les rageux, merci à vous aussi. Il faut bien de tout pour faire un monde. Et je suis sympa, je pense à tout l’monde. Longue vie à nous et que Dieu nous garde !

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