Interview : Jean-Luc Herbulot, Réalisateur – Congo

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L’Afrique regorge de talents en matière de cinéma ! Ils sont jeunes, dynamiques et ont de belles idées qui méritent d’être vues. Et vous savez que notre mission est de vous faire découvrir ce que l’Afrique offre de plus intéressant, cette fois-ci place au savoir-faire cinématographique ! On commence par lui, Jean-Luc Herbulot, un réalisateur franco-congolais qui a plusieurs projets pour sa terre natale.

Je Wanda Magazine: Un petit mot pour la Wanda Family qui te découvre : qui est Jean-Luc Herbulot ?

Jean-Luc Herbulot : Salut à tous ! Je crois savoir que ce mec est un jeune type qui essaie de faire du cinéma et qui années après années approche de son but. Plus sérieusement, je suis un jeune metteur en images Franco-congolais, qui a grandi en Afrique (Congo Brazza) et qui essaie de vivre de sa « nouvelle » passion depuis maintenant 7 ans. J’ai commencé par le dessin, la musique, le graphisme, pour finir avec le cinéma qui depuis ne m’a jamais quitté, c’était en 2007. J’ai à mon actif 5 courts-métrages, 1 long-métrage en production et une dizaine de projets de longs-métrages en développement aux US et par ailleurs quelques pubs et clips ici et là.

J.W.M: A travers tes différents courts-métrages, on sent clairement que tu as des choses à dire. Raconte …

JL.H : Je ne sais pas vraiment si j’ai des choses à dire en particulier, mais dans tous les cas je ne peux pas mettre en image quelque chose si ça ne raconte rien. Depuis tout petit j’aime raconter ou entendre des histoires, et tous les gosses vous diront qu’une histoire sans fin et sans message, c’est chiant et ça n’a aucun intérêt.

Je suis un grand gosse et donc automatiquement je suis attiré par les histoires qui ont un sens, une portée. Quand je dis ça je ne parle pas seulement de symboliques ou de métaphores, mais simplement d’histoires avec un début, un milieu une fin. Quelque chose qui va d’un point A à un point B.

Exemple : Pierre sort de chez lui pour acheter du pain, ça devait lui prendre 5 minutes chrono, seulement voilà, ça va lui prendre toute une journée de revenir chez lui avec sa baguette. Que s’est-il passé pendant les 5 minutes qui ont finalement duré 12h ?

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Voilà ce qui me chatouille, et ce qui m’intéresse surtout, c’est montrer comment en 12h, le Pierre qu’on a connu au début n’est plus le Pierre qu’on aura à la fin de la journée. Ca peut paraître logique ce que je dis là, mais croyez-moi il y a beaucoup de films dans ce milieu qui ne respectent même pas cette règle de base.

Du coup je peux me retrouver à écrire mes histoires (STABAT MATER, SICK, DEALER) ou à mettre en images des histoires d’autres personnes (CONCURRENCE LOYALE), mais l’envie vient toujours d’une histoire qui « raconte quelque chose ».

J.W.M: Quelle est à ce jour ton expérience la plus difficile ?

JL.H : Je ne pense pas en avoir une plus dure qu’une autre. Honnêtement j’essaie de m’adapter à tout, aux projets compliqués, comme aux gens compliqués et en même temps, j’apprends aussi à ne pas m’engager dans des projets où je sais pertinemment que tel ou tel aspect va rendre le processus créatif ingérable ou insupportable. J’ai une grande patience, mais je sais aussi arrêter très vite quand il faut couper la jambe gangrénée, donc pas vraiment d’expériences super difficiles, juste des gros tests de patience (rires).

J.W.M: Prépares-tu des projets pour l’Afrique ? Si oui, peux-tu nous en dire plus ?

JL.H : Oui J’ai 4 projets de longs-métrages dans ma besace pour l’Afrique :
2 projets Américains (un financé et en casting, l’autre en recherche de production), 2 projets plus personnels (un sur lequel je suis coscénariste et coproducteur et l’autre en développement).

[vimeo]http://vimeo.com/16736799[/vimeo]

 

J.W.M: Quelle est ta vision de la place que devrait avoir le cinéma dans le quotidien des africains ?

JL.H : Il y a tout à (re)construire niveau Médias en Afrique, ou plutôt pour le Congo dont je suis originaire. Il n’y a pas (plus) de cinémas, que ce soit en terme physique (aucune salle) ou en terme de business (aucune production de long métrage sur place).

Le Congolais et l’Africain comme le reste des humains de cette planète aiment le cinéma. Il aime qu’on lui raconte des histoires, il aime rêver, sortir de son quotidien chiant et prenant, se poser devant des images qui l’emmènent ailleurs et qui pourquoi pas, l’inspire, lui donne des idées, des rêves.

Il ne faut pas oublier qu’en Afrique, même encore aujourd’hui et encore plus que dans les pays occidentaux, comme pour les pays asiatiques (l’Inde surtout), nous sommes issus de cultures à tradition orale. Les traditions, les histoires, les légendes, se transmettaient par les anciens à l’oral. Nous avons donc depuis la nuit des temps, ce besoin d’écouter des histoires, de se référer à des légendes, des héros, des contes. Ces histoires, ces contes, ces légendes avaient et ont pour but de construire des sociétés basées sur la moralité, les règles.

Les fondamentaux religieux telles que la Bible ou le coran ne sont-il pas d’abord, de grands romans empreints de morale et de règles à suivre ?
Le cinéma est, comme la littérature, un transmetteur de valeurs, de règles, de libertés qui font de nos sociétés ce qu’elles sont. Aujourd’hui à l’heure de la mondialisation, de l’assimilation des cultures, de l’écrasement par le « Meta-monde » occidental, il est plus que sain et important que l’Africain ait son mot à dire dans l’industrie cinématographique s’il veut exister.

De nos jours, le pouvoir passe par la communication et par la maitrise de l’image et des médias. Dans ce sens, le cinéma est par corrélation l’un des plus grands outils de communication à notre portée et ne pas le développer en même temps que nos économies grandissantes, serait une erreur majeure.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=AsoiwujY1H4[/youtube]

J.W.M: Nous avons entendu parler d’un long-métrage dont tu as signé la réalisation « DEALER » : de quoi parle le film et quand pourrons-nous le voir ?

JL.H : « DEALER » c’est l’histoire de Pierre et de sa baguette de pain, sauf que tu changes la baguette par un sachet de coke et Pierre par un dealer (rires).

C’est un très petit budget que j’ai coécrit très vite avec Samy Baaroun et que j’ai donc réalisé. L’idée me trottait depuis des années dans la tête et j’ai fini par la coucher sur le papier en attendant que mes longs métrages américains avancent. Samy m’a rejoint par la suite pour finir le script et y a apporté sa patte.

Le film a été produit avec beaucoup de courage par la société MultiPass Prod (projet tordu pour un film français) et est actuellement en fin de tournage. Je ne sais pas encore quand il sera fini car la case post production doit aller vite et en même temps il nous restera beaucoup de choses à faire mais j’espère très vite, sûrement en milieu d’année. Je n’ai jamais fait un film aussi vite et accessoirement c’est donc mon premier long métrage.

J.W.M: Un mot pour tous les jeunes qui aimeraient se lancer dans ce milieu …

JL.H : « Quand on tire on raconte pas sa vie » (citation à méditer extraite du film « Le Bon, la Brute et le Truand. »)

Découvrez la filmographie de Jean-Luc Herbulot ICI.

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