C’est un film qui a illuminé les salles lors du récent Fespaco, la grande messe du cinéma panafricain. Une merveilleuse histoire derrière laquelle se cache un producteur aux ambitions continentales, le camerounais Sebastien Onomo.

C’est un film né de l’adaptation d’un roman autobiographique de Loïc Léry. L’histoire de Jimmy Lavrière, un afro-antillais qui se bat pour survivre avec sa fille et qui rencontre une bande de malfrats idéalistes avec qui il forment le gang des antillais. Des sortes de robin des bois de la France des années 1970, qui soulèvent en toile de fond les tribulations des dizaines de milliers d’Antillais et de Réunionnais arrivés en France entre 1963 et 1981 via le bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer.

Le film qui a connu un succès au sein de la communauté africaine de France, avec un passage remarqué lors du dernier Fespaco est aujourd’hui en projection sur l’ensemble du continent, face à un public africain impatient de découvrir ce long métrage.

L’occasion pour nous de nous intéresser au producteur de ce chef d’œuvre, un camerounais d’origine détenteur d’une maîtrise en production audiovisuelle à l’Institut National de l’Audiovisuel de France, et qui a accepté de nous livrer les détails de la production de son dernier film dans une interview.

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JWD : Comment êtes-vous devenu un financeur de projets ?

Sebastien Onomo : Je suis passé par différents corps de métiers. J’ai commencé comme comédien dans des court-métrages. Il n’y avait pas beaucoup de rôles pour les gens comme moi, alors j’ai décidé de les créer. Je me suis mis à l’écriture. Sauf qu’il n’y avait personne pour réaliser les projets que j’écrivais car les réalisateurs préféraient réaliser leurs propres projets. Il a donc fallu que je passe à la réalisation. Mais je ne trouvais pas de producteur… Alors j’ai également décidé de m’auto-produire. J’écrivais, je réalisais et produisais des court-métrages, des clips, des programmes courts pendant mes études de lettres à La Sorbonne. J’avais créé une association avec mon cousin, ce qui me permettait d’aller chercher des financements. Mon leitmotiv étant simple : « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » !

JWD : Quel est l’histoire derrière la naissance du gang des antillais que le public africain découvre actuellement ?

Sebastien Onomo : C’est avant tout une très longue histoire, celle de plusieurs rencontres. Une rencontre productrice qui nous a présenté le réalisateur Jean Claude Barny au coproducteur Serge Lalou et à moi-même, entre un projet qui correspondait parfaitement à l’esprit fédérateur du cinéma que j’avais envie de porter. Ensuite ça a été toute une aventure car il nous a fallu près de 5 ans pour tout boucler et le présenter au public, 6 ans en tout et pour tout.

JWD : Vous êtes camerounais, comment est ce que vous jugez le paysage cinématographique dans notre pays ?

Sebastien Onomo : j ‘ai un jugement positif au vu des talents qui sont présents et identifiés au fur et à mesure par les professionnels. Ils ne sont peut être pas encore identifiés du grand public mais ça c’est quelques chose de déjà positif. Maintenant il est important de faire que ces nombreux talents puissent émerger sur le plan continental ou à l’international, et ce en tant que producteur je compte m’inscrire dans cette démarche de faire émerger cette génération de scénaristes, de comédiens…

JWD : Est ce que de manière concrète vous qui jouissez d’une expérience à l’international avez déjà prévu quelque chose pour aider ces jeunes professionnels camerounais ?

Sebastien Onomo : Ce que je peux apporter c’est ce que je sais faire le mieux c’est a dire produire des contenus. Je m’inscris dans cette dynamique et prochainement il est question pour moi de créer une structure afin d’accompagner les talents à la fois sur le marché local et sur le marché international.

JWD : Que répondez vous à ceux qui disent qu’en Afrique on ne peut pas évoluer à cause du manque de financements ?

Sebastien Onomo : Eh bien je pense que c’est ce qu’on veut nous faire croire. On veut nous faire croire qu’on ne peut pas trouver de financements en Afrique. La vraie question à mon avis est celle de savoir comment intéresser les personnes qui ont les financements à investir dans les contenus et ça c’est le travail d’un producteur et c’est ce à quoi je vais m’atteler en créant cette structure au Cameroun car en toutes choses les investisseurs ont besoin d’être rassuré que leurs investissements ne seront pas gaspillés.

JWD : Un dernier mot pour les amateurs de cinéma qui vous lisent ?

Sebastien Onomo : Il n’y a pas de secret dans le cinéma, le tout c’est le travail. Le travail finit toujours pas payer et je ne parle pas d’argent, mais de concrétisation de projets. Il faut s’entourer des gens qui vont nous faire grandir car une main ne peut pas attacher un paquet, et troisièmement pour nous les africains il faut être connecter. Nous accusons un retard énorme contrairement à un grand nombre de pays, et il est temps pour nous de rattraper le pas et faire du mboa un grand pays de cinéma.

Le film « Le gang des antillais » sera diffusé tout au long du mois de juin dans les salles Canal Olympia Bessengué (Cameroun – Douala), Canal Olympia Teranga (Sénégal – Dakar), Canal Olympia Kaloum (Guinée -Conakry ), Canal Olympia Hippodrome (Niger – Niamey ), Canal Olympia Yennenga (Burkina Faso – Ouagadougou )

F.F.K

 

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