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vendredi, avril 19, 2024

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Chronique : Zoom sur l’Eco, la nouvelle monnaie venue abolir le Franc CFA en Afrique de l’ouest

Wanda Peeps, samedi 21 décembre dernier, les Présidents français et ivoirien ont annoncé de concert la naissance d’une nouvelle monnaie ouest africaine : l’Eco, qui va remplacer le Fcfa, monnaie coloniale qui fait tant débat depuis plusieurs années. Qu’est-ce qu’elle représente ? Qu’est-ce qui va changer ? Qu’est-ce qui va demeurer ? La Wanda Team, toujours à votre service, éclaire vos lanternes !

Abondamment critiqué et utilisé depuis l’époque coloniale par de nombreux pays africains, le Franc CFA tel qu’on la connu vit ses dernières heures dans l’ouest du continent. En effet, c’est aux côtés d’Emmanuel Macron qu’Alassane Ouattara a annoncé il y a quelques jours un accord entre l’Union économique ouest-africaine (UEMOA) et la France pour une profonde réforme du franc CFA.

Cette monnaie sera remplacée par l’Eco, sur lequel le flou demeure encore pour bon nombre de profanes. Avec l’avènement de cette monnaie, voici ce qui change et ce qui ne change pas en français facile :

Ce qui change :

  • Le nom 

Si à l’époque de sa création (1945), le Franc CFA signifiait « franc des colonies françaises d’Afrique » et a évolué plus tard (1960) en « franc de la Communauté financière africaine », pour les huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), il faudra désormais faire avec un tout nouveau nom inédit qui n’est guère un acronyme : l’Eco, nom choisi pour la future monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

  • Le dépôt des réserves de change en France

Très important Wanda Peeps ! Jusqu’ici, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) devait déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor public Français. Cette obligation, perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du franc CFA, appartiendra bientôt au passé. La BCEAO « n’aura à l’avenir plus d’obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change », selon la présidence française. « Elle sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix ».

  • La gouvernance française dans les instances monetaires :

La France va enfin se retirer des instances de gouvernance de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) où elle était présente. « La France ne nommera plus aucun représentant au Conseil d’administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO, ni à la Commission bancaire de l’UMOA », a expliqué l’Elysée. Il s’agit de « désamorcer les critiques », selon lesquelles la France continuait de dicter ses décisions dans ces instances via ses représentants, selon l’Elysée.

La France va également se retirer des instances de gouvernance de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), où elle était présente.

Ce qui ne change pas :

  • Parité fixe avec l’euro

Afin d’éviter les risques d’inflation (présente dans d’autres pays d’Afrique), la parité du futur Eco avec l’euro est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA), a expliqué le président ivoirien Alassane Ouattara. Cette parité fixe est pourtant l’une des caractéristiques du FCFA les plus critiquées par des économistes africains, selon lesquels l’arrimage à l’euro, monnaie forte, pose problème pour les économies de la région, beaucoup moins compétitives, qui ont besoin de donner la priorité à la croissance économique et à l’emploi plutôt que de lutter contre l’inflation. Ces économistes plaident pour la fin de la parité fixe avec l’euro et l’indexation sur un panier des principales devises mondiales, le dollar, l’euro et le yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l’Afrique.

  • La garantie de la France   

« Si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France« , explique l’Élysée. En effet, Paris conservera son rôle de garant financier pour les huit pays de l’UEMOA. Une garantie qui prendra la forme d’une « ligne de crédit ». « Avec le maintien de cette garantie, en attendant l’Eco, nous voulons éviter la spéculation et la fuite des capitaux », a justifié Alassane Ouattara.

La présidence française a affirmé que la réforme du franc CFA était « une étape préalable dans la feuille de route du projet de monnaie unique de la Cédéao ». Pour l’instant, seuls les 8 pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) utiliserons donc l’Eco.

À quand le lancement ?

L’année 2020 a été évoquée par les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest qui n’ont toutefois pas fixé de calendrier précis.

Réforme de façade ?

On peut enfin s’interroger sur la portée de cette réforme Wanda Peeps. En effet, Si la France voulait vraiment « rompre les amarres », selon les mots de Macron, et mettre fin au franc CFA, elle aurait pu simplement abolir l’accord de coopération monétaire qui la lie aux pays de l’UEMOA. Or tout au contraire, elle a choisi de le renouveler et de maintenir son rôle de « garant ».

Les pays de l’UEMOA demeurent toujours sous la tutelle indirecte des autorités de la zone Euro étant donné qu’elles encadrent la « garantie » de convertibilité supposément apportée par la France. Toute chose qui amène à penser que l’Afrique (de l’ouest, le cas échéant) est loin d’être sortie d’affaire !

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C.B.

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