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jeudi, mars 28, 2024

Ça chauffe !

Comment l’Afrobeat a conquis le monde de la musique

Wanda People, à l’occasion de la fête de la musique, la Wanda Team fait un arrêt sur un genre musical qui fait danser non plus seulement l’Afrique, mais aussi le reste du monde : l’Afrobeat ! 

L’Afrobeat est à l’origine un mélange de musique traditionnelle nigériane, de Jazz de Highlife de funk et de chant accompagné de percussions, popularisé en Afrique dans les années 1970, et créé par l’activiste, multi-instrumentaliste et leadeur nigérian Féla Kuti.

Né en 1938, personnage fondamental de la musique africaine, Fela Anikulapo Kuti s’est fait spécialiste d’une fusion de styles dont la somme est instantanément identifiable sous le terme d’afrobeat. Un genre devenu la bande son la plus emblématique d’une révolte menée par le musicien en opposition aux dictatures et à toutes formes de soumission.

Avec son groupe Koola Lobitos, rebaptisé Africa 70 en 1970 puis Nigeria 70, Fela Kuti va sortir le titre “My Lady Frustration” , chef-d’œuvre absolu de sept minutes, où sa voix s’élève comme une sorte de cri primal, dénué de mots mais gorgé du sens de ses racines. Le fondement de l’Afrobeat !

Mais son premier grand succès n’est autre que “Jeun K’oku”, qu’il a chanté quelques temps avant de forger les deux indépassables canons de la musique qu’il a créée, “Lady” et “Shakara”, deux pièces d’anthologie dont l’influence se propagera dans le monde entier.

Après la mort de Fela survenue le 2 août 1997, la réédition d’une grande partie de son œuvre a permis à une nouvelle génération de musiciens et de DJ, qui utilisent des échantillons d’enregistrements comme matériaux musicaux, de découvrir son art, la puissance prodigieuse de ses rythmes et de ses orchestrations. Depuis le début des années 2010, cette nouvelle génération d’artistes puise dans le riche patrimoine musical du Nigeria de Fela, mais aussi le Dancehall jamaïcain, ainsi que diverses musiques locales et plus contemporaines comme le R’n’B et le Hip Hop américain parfoi généreusement saupoudrés d’auto-tune.

Ces nouveaux artistes ont inventé un son charismatique et ont ajouté leur propre personnalité pour le rendre plus pertinent pour les jeunes d’aujourd’hui. Ce mouvement veut présenter une Afrique positive et représenter une génération AFRO numérique plus connectée qui ne connait pas de frontières. Ce nouveau courant afrobeat a élargi son audience culturelle avec un rayonnement sur toute l’Afrique et à l’international grâce à la diaspora nigériane basée en Europe et aux U.S.A.

Il a commencé à dominer les charts grâce à des artistes comme P-Square (10 millions de disques vendus pour l’album Get Squared), D’banj (et son hit « Oliver Twist ») ou encore 2Face Idibia (« African Queen »).

En quelques années, l’afrobeat a atteint une dimension universelle qui le distingue de la multitude des styles et courants apparus dans le champ des musiques populaires tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. Le fait que les artistes utilisent généralement l’Anglais, une des langues les plus parlées dans le monde, n’explique pas tout cela. Il faut dire en effet que le lien entre le Nigeria et les puissants pays fournisseurs de pop aide à pénétrer de nouveaux marchés.

Burna Boy, Tiwa Savage, D’Banj, vivent ou ont vécu en Grande Bretagne. Davido pour sa part est né et a fait ses études aux States. Ce lien entre la Grande Bretagne, les U.S.A et le Nigeria se concrétise avec des collaborations, des concerts fréquents, une présence radio accrue dans ces pays anglophones.

Ainsi, écrit Jeune Afrique : « Quand Wizkid et le Canadien Drake ne signent pas des tubes planétaires (« One Dance », « Come Closer »), ils se retrouvent sur scène, comme dans la gigantesque salle de l’O2, à Londres, en avril. Davido a signé plusieurs titres avec le rappeur américain Young Thug et Chris Brown. Yemi Alade s’est offert un featuring avec la New-Yorkaise Kat DeLuna… tout en menant depuis plus d’un an une opération séduction visant le marché francophone, enregistrant des versions françaises de ses tubes « Kissing » et « Johnny ».

L’internationalisation des carrières nigérianes s’illustre par la signature de contrats avec des majors. Par l’entremise d’Efe Ogbeni, Tiwa Savage a ainsi quitté le label Mavin Records (du Nigérian Don Jazzy) pour un contrat exclusif chez Universal Music Group. Grâce au même homme, Davido a conclu un contrat de 1 million de dollars avec Sony, suivi peu de temps après par Wizkid pour un montant probablement supérieur. »

En outre, la puissance des réseaux sociaux et internet, a contribué à faire de ce mouvement une industrie très lucrative. Les artistes nigérians Wizkid, Davido, Tiwa Savage, Yemi Alade, Burna Boy dont la musique fait fureur aux States… sont des super stars à l’international. Si l’Afrobeat a conquis le monde entier, c’est parce que ce genre musical est efficace. À Phil Choi, du service de Streaming Boom Play lancé en 2015 au Nigeria par l’entreprise TECNO, de dire alors :

« Quand j’écoute « Despacito », je ne sais absolument pas de quoi le chanteur me parle.. et pourtant, j’ai envie de danser. L’Afrobeat c’est pareil. C’est une musique qui s’adresse directement à tes pieds, à ton corps. Quelle que soit ta nationalité, le beat s’empare de toi« .

La chorégraphe libanaise Sara Karrit en est l’illustration parfaite.

https://www.instagram.com/p/CBDuS90JoQh/?igshid=npd82vlwztgu

En mêlant jazz, rhythm & blues et rythmes yoruba, la musique créée par le génie nigérian Fela Kuti rayonne aujourd’hui au delà de son pays. L’architecture musicale de l’Afrobeat, ses structures rythmiques, ont séduit des dizaines de groupes, qui maintiennent la vivacité créative du genre par leurs apports et développements dans le monde entier.

L’Afrobeat a encore de beaux jours devant lui. Souhaitons bon vent à ce genre musical qui n’a pas fini de nous faire vibrer.

C.B.

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